NAPOLEON WASHINGTON
©2004 Sepia Prod – Tous droits réservés.
©2004 Sepia Prod – Tous droits réservés.
On peut qualifier la musique de Napoleon Washington de blues contemporain. Un univers extrêmement personnel, hanté d’esprits et rythmé de chroniques tantôt douces, tantôt amères.
Guitars, Vocals : Napoleon Washington
Piano, Hammond XB2, B3 and Rhodes: Christophe Studer
Drums and percussion: Marc O. Jeanrenaud
Cette chanson était la première d’un show dont nous jouions une partie derrière un écran de cinéma. En utilisant les transparences de la toile, les musiciens se mêlaient à la projection de films tournés et montés exclusivement pour le spectacle. L’envie était d’aménager pour le spectateur un accès, une porte qui lui permettrait d’entrer en douceur dans la musique. Dans la salle, le public attendait un concert “normal”… nous partions pour un voyage. C’était magique.
Le second morceau de ce concert. Nous sommes toujours derrière un écran de cinéma et à ce moment du show, l’idée est laisser deviner au specateur à quoi va ressembler la suite. Au travers de la toile, la profondeur de la scène se révèle et la massive silhouette du B3, les reflets de la batterie, les contours d’un piano à queue trônant à 1,20m du sol prennent forme.
Nous venions de jouer deux morceaux derrière un écran de cinéma. Il était temps de s’en débarrasser, mais il fallait à la toile 40 interminables secondes pour remonter. Trop long… Nous avons cherché pendant des semaines. Pour finalement réaliser que s’il était impossible d’exécuter la manoeuvre discrêtement et rapidement, il fallait alors la mettre en avant, l’inscrire dans le show. Comment avons-nous fait? Voyez vous-même… et ayez une pensée pour la précision des techniciens au travail.
Vous connaissez peut-être ce sentiment. Vous marchez. Il y a un caillou dans votre chaussures et c’est très désagréable. Mais vous l’ignorez, comme s’il allait se désintégrer spontanément parce que vous refusez d’y penser. Devinez quoi: il ne se désintègre pas, et il ne faut pas longtemps avant que vous ne soyez vraiment obligé de vous arrêter pour arranger le problème. La vie marche souvent comme ça…
La compétition est un truc détestable. Mais assez souvent, il suffit de ne pas consulter le classement pour se péserver un peu: vous savez que vous n’êtes pas premier, mais vous n’êtes probablement pas dernier non plus. En fait, il n’y a qu’une seule position depuis laquelle il est impossible d’ignorer le score: deuxième. En sport, ça fait partie du jeu… dans la vie, c’est parfois un peu plus douloureux.
Je marchais dans la rue, et j’ai croisé le regard de cette femme qui arrivait en face de moi. Elle avait l’air perdu, loin – très loin – de chez elle. Elle portait toute la douleur d’un parcours qu’elle n’avait pas choisi, et qui débouchait soudain dans la première neige de novembre d’un pays qui devait lui sembler incompréhensible. Moi, la prespective de l’hiver qui arrivait m’avait mis de mauvaise humeur… j’ai écrit cette chanson pour essayé de me rappeler que ce n’était pas moi qui avais eu le plus froid ce matin-là.
Une chanson qui parle de se perdre dans les marais. Ceux du delta des fleuves, ou ceux de la vie, ceux de ses propres attentes…. Quand la nuit tombe et que tout espoir de retrouver sa route est perdu, reste au moins une cynique consolation dans la presque certitude que tout finira dans un sourire… fût-ce un sourire de crocodile.
Nous avions joué les trois premières chansons de ce spectacle derrière un écran de cinéma et pour les trois dernières, la toile allait redescendre pour habiller à nouveau la musique. L’arrière-plan du film a été tourné dans les catacombes de Paris et oui, ce morceau est une chanson vaudoue qui parle de la mort. Mais pas d’une façon sinistre; juste au sein d’une sorte de vue d’ensemble, comme une perle parmi d’autres enfilée sur le fil du temps.
Nous sommes à nouveau derrière l’écran, et la caméra exécute une sorte de danse incantatoire autour d’une guitare vaudoue. C’est une chanson que je portais depuis des années, sans jamais être parvenu à la formaliser. Elle invoque les esprits, dans l’impossible espoir de trouver enfin une médaille qui n’aurait qu’une seule face. De se libérer de l’implacable logique qui nous oblige à prendre l’amer avec le doux.
Cette petite rumba de la Nouvelle-Orleans était le dernier morceau du concert. Nous la jouons derrière un écran de cinéma, alors que se referment les portes que nous avions ouvertes au début du spectacle. C’est une chanson qui parle de cette illusion qui nous fait voir l’herbe toujours plus verte de l’autre côté de la barrière. Ce qui, à mon sens, signifiie surtout que la fin du chemin est encore loin…
Samedi soir, Napoleon Washington donnait une supplémentaire devant une salle pleine, et de fait, ne présenter cette création qu’une seule et unique fois, cela aurait été un beau gaspillage.
La scène s’ouvre sur un livre. L’enseigne “Napoleon Washington” s’affiche avec un look genre Wells Fargo. Et des portes s’ouvrent les unes après les autres, jusqu’à faire apparaître le chanteur dans des brumes crépusculaires, comme dans l’eau profonde d’un miroir. Etrange atmosphère. L’écran dressé devant la scène laisse tranparaître de vagues silhouettes et la lumière incertaine accompagne un blues songeur… Soudain, changement ton sur ton. La lumière flamboie, et Washington se lance dans un roboratif “Got yesterday behind”.
Spectaculaire mise en scène, mêlant la musique, le rythme et le rêve, une poésie prenante superbement servie par une technique up to date !
La voix, la présence du chanteur s’en trouvent ainsi magnifiées. Washington fait risette aux crocodiles avec sa voix de velours râpeux qui tout à coup s’envole d’une octave, yeah, feeling grooovy! Et puis il s’enfonce dans les parties les plus obscures de ces marécages, le vaudou… Dont l’angoisse, l’étrangeté sont portées par une symbolique proprement hallucinante. La scène vous fait froid dans le dos.
Napoelon Washington se balade sur les chemins de l’amour et du hasard, de la solitude, de l’exil, il chante cette neige qui n’en finit pas, il chante le petit caillou dans la chaussure qui gêne de plus en plus. Du blues de par ici et de par là, cette musique de la Nouvelle-Orléans,
Du même coup, il rend hommage à ses deux musiciens, Christophe Studer au piano et à l’orgue Hammond et Marc O. Jeanrenaud à la batterie. Un trio inédit et ô combien inspiré. Qui a donné une reprise inoubliable de “Good Night Irene”, à la fin du concert, lorsque toutes les portes se sont refermées.